Strasbourg : une reprise économique qui va profiter à l'emploi cadre

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Territoires
Publié le mardi 10 avril 2018
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La première ville d’Alsace bénéficie d’un contexte économique assez favorable aux cadres. En cause : la bonne santé de certains secteurs d’activité et l’apport des structures d’accompagnement.

L’emploi cadres en Alsace se redresse-t-il ? Il profite en tout cas d’une embellie depuis un an au moins, en lien avec les domaines de l’ingénierie industrielle et de l’informatique. À Strasbourg, même si les entreprises peinent parfois à trouver les meilleurs candidats, le ton des professionnels du recrutement s’avère plutôt optimiste. « J’ai des clients dans des secteurs comme les services et l’industrie, de grosses entreprises et d’autres plus petites, indique Michel Brockhoff, qui dirige son propre cabinet de recrutement. Nous comptons sur des noms d’envergure internationale, comme Siemens. Localement, je peux citer Soprema, spécialiste des produits d’étanchéité, Liebherr, fournisseur de produits hydrauliques, Lilly, entreprise du secteur pharmaceutique, ou encore de nouveaux dérivés du groupe Alstom. On trouve aussi quelques sites d’implantation de pépinières de start-up. »

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L’économie repart, mais…

Les chiffres de recrutement effectif, eux, peuvent paraître encore modestes. Pôle emploi comptait encore 2 200 cadres inscrits comme chercheursd’emploi à Strasbourg, en décembre dernier 2017. La CCI de l’Eurométropole souligne en outre que les trente premières entreprises de la zone d’emploi ont créé 550 emplois l’année dernière, dont 169 de cadres. La reprise économique n’a donc, pour l’instant, qu’un effet limité sur l’emploi. Pourtant, le bilan de conjoncture de l’organisme consulaire pour le second semestre 2017 note que six dirigeants d’entreprises sur dix sont satisfaits de leur chiffre d’affaires et de leur carnet de commandes. Le secteur de la construction, notamment, se caractérise par une activité importante. Strasbourg bénéficie aussi de l’implantation locale des sièges sociaux français de grands groupes internationaux (Kronenbourg, Adidas, Puma, Würth…) et d’institutions comme le Parlement européen et la Cour européenne des droits de l’homme.

De vraies opportunités outre-Rhin

Pas question de négliger les atouts du bassin d’emploi, en partie dynamisé par sa proximité avec l’Allemagne. Certaines des entreprises du pays voisin sont implantées à Strasbourg et s’appuient sur une direction bicéphale. Parler allemand (ou anglais) est donc un atout pour tout cadre en recherche d’emploi. Jacques Schaefer, du cabinet Eurhétès, confirme aussi qu’il existe de bonnes opportunités à quelques kilomètres, « avec un secteur industriel développé tout le long de la frontière et, à deux heures seulement, une place financière importante à Francfort et des industries automobiles à Stuttgart. » Côté français, ce chasseur de têtes travaille aussi avec des équipementiers automobiles, ainsi qu’avec quelques représentants de l’industrie mécanique. Il pointe par ailleurs du doigt « un tissu de start-up spécialisées dans les technologies médicales et pharmaceutiques. » Seul regret, largement partagé : le constat que Strasbourg, comme l’Alsace au sens large, souffre encore d’une image peu attractive… et pas toujours fondée.

Lire aussi : Comment rédiger son CV en allemand

Des associations pour aider les candidats

Plusieurs associations locales assistent les cadres chercheurs d’emploi. Exemple : CTP Alsace, qui promeut le concept d’emploi en temps partagé. L’organisation attire toujours plus de candidats pour qui ce type de relation contractuelle est un choix assumé. « Embaucher un cadre en temps partagé peut notamment aider l’entreprise à lancer certains projets laissés de côté, assure Pascal Sire, vice-président. Cela peut aussi intéresser de petites entités en surchauffe ou qui n’ont pas les moyens de s’offrir un expert à temps plein. » Actoe, pour sa part, prévoit un double suivi, en groupe (de 6 à 10 candidats) et individuel. Des séances de coaching hebdomadaires permettent de traiter des questions spécifiques et d’établir un bilan de compétences. « Tous âges et tous secteurs confondus, nous avons d’ores et déjà accompagné 250 cadres depuis la création de l’association en 2009, indique Luc Barthel, président. En 2017, nous sommes arrivés à 95 % de retour à l’emploi, dans un délai moyen de cinq mois. »

Plus de cadres qu’ailleurs

Strasbourg, une ville idéale pour les cadres ? Le raccourci est un peu facile. Sur le plan statistique, on note toutefois que 22,4 % des actifs du bassin d’emploi strasbourgeois sont des cadres et des professions intellectuelles supérieures, selon une étude de l’Observatoire régional de l’emploi, publiée en novembre 2017. La proportion n’est « que » de 13,5 % sur l’ensemble de la région Grand Est (contre 14,4 % de la totalité des actifs français, hors Paris).
19,8 % des entrants sur le bassin d’emploi sont des cadres. Autres chiffres qui apportent un éclairage sur le marché de l’emploi : 42,9 % de ces mêmes entrants sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. 32,6 % d’entre eux ont moins de 35 ans, 41,7 % entre 35 et 49 ans et 25,7 % plus de 50 ans.

Interview

MONIQUE JUNG
Directrice de l’Agence de développement d’Alsace (ADIRA)

Votre agence vise à favoriser le développement économique des entreprises. Que dire de l’impact de cette action sur l’emploi ?

Nous mesurons notre activité par le nombre de projets suivis et d’entreprises concernées, le montant des investissements consentis ou la quantité d’emplois créés. Notre cœur de cible ? Les sociétés à croissance rapide (« gazelles »), les ETI et les grosses PME. Nous accompagnons également des entités en mutation ou en restructuration, en allant parfois à la recherche de repreneurs. Sans couvrir tous les secteurs de l’économie, nous suivons entre 450 et 500 dossiers par an. Notre bilan 2016, sur le secteur strasbourgeois, fait état de 1 900 emplois créés ou maintenus.

Pouvez-vous aider les entreprises dans leur recrutement ?

Nous nous intéressons à l’emploi quand il devient la clé du développement économique. Nous avons débuté un travail autour de l’attractivité du territoire pour les talents, après que des entreprises nous ont fait part de leurs problématiques pour attirer des cadres, notamment. C’est un travail mené en réseau avec, entre autres, les collectivités, et orienté vers les familles. Nous avons ainsi réfléchi à la question de l’emploi des conjoints et mis en place un système d’échanges de CV entre entreprises.

Comme la situation de l’emploi, l’attractivité de l’Alsace s’est-elle améliorée ?

De gros efforts ont en tout cas été accomplis pour rendre plus visibles la qualité de vie et l’attractivité d’un territoire où, en effet, il y a de l’emploi et de l’embauche. Même si elle a souffert, notre région a la chance d’accueillir des industries assez fortes. La reprise s’annonce de manière très nette, avec des recrutements qui repartent.